Résorption du déficit énergétique : soyons proactifs
- Par Rousseau-Joel
- 01 févr. 2024 10:36
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En dehors de la région de l’Est dont les besoins sont comblés depuis le début de l’année avec les 30 mégawatts (MW) supplémentaires du barrage hydroélectrique de Lom-Pangar, et mis à part les trois régions septentrionales où l’offre est suffisante après la mise en service des centrales solaires photovoltaïques de Maroua (15 MW) et de Guider (15 MW) en septembre 2023, les six régions couvertes par le traditionnel Réseau interconnectée sud (RIS) subissent depuis plusieurs semaines des coupures intempestives du courant électrique. Dans un récent communiqué, le concessionnaire Eneo informe que cette crise est due « à un déséquilibre entre l’offre et la demande », car « la quantité d’énergie disponible à la distribution est fortement limitée, suite à une combinaison de contraintes d’exploitation inhérentes au système et des soucis de production. Principalement, l’étiage en cours sur le Ntem qui entraîne une baisse significative de la production de Memve’ele ». En clair, les délestages actuels sont, entre autres, la résultante de la baisse de l’hydrologie sur le fleuve Ntem en cette saison sèche. Conséquence, l’aménagement hydroélectrique de Memve’ele, censé produire 211 MW, ne fonctionne pas à plein régime parce que le débit d’eau y a considérablement diminué. D’après les prévisions des experts, l’eau du fleuve Ntem dans la région du Sud devrait davantage baisser dans les prochains jours, ce qui laisse planer le risque d’une situation beaucoup plus tendue début février 2024.
Du côté d’Electricity Development Corporation (EDC), la société de patrimoine, une source proche du dossier soutient également que le rationnement de l’énergie électrique ces derniers temps n’est pas seulement dû à la baisse des quantités produites à Memve’ele qui continue malgré tout d’injecter environ 170 MW dans le RIS. Sachant que le débit du Ntem diminue de façon cyclique chaque année entre janvier et mars, notre informateur estime que des dispositions devraient être prises longtemps à l’avance pour s’approvisionner en gasoil afin de faire tourner les centrales thermiques pendant cette période et compenser ainsi la baisse de la production à Memve’ele. Autre facteur évoqué, le retard accusé dans l’injection dans le RIS, (initialement prévue en fin décembre 2023), des 60 premiers MW provenant du barrage hydroélectrique de Nachtigal en cours de construction. Ce qui devrait aussi compenser la baisse de l’hydrologie du fleuve Ntem. D’autres sources indiquent qu’en plus de ce retard et de la question complexe de l’approvisionnement des centrales thermiques en combustible, il y a la congestion des lignes 225 KV entre Edéa et Douala. Au total, d’après les énergéticiens bien introduits, le déficit actuel oscillerait entre 100 et 140 MW, voire plus, en cas de sécheresse plus sévère et prolongée dans le bassin du Ntem. Pour atténuer la crise, une source au ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee) affirme qu’il est question de « solliciter toutes les centrales thermiques dans la limite des stocks disponibles ».
Du coup, la préservation de l’équilibre global du système passe par des rationnements rotatifs qui sont opérés avec des impacts négatifs sur les ménages, les administrations et les entreprises du secteur productif. Eneo prévient que « la durée moyenne de la rotation pourrait se prolonger ou se réduire, en fonction de l’augmentation ou de la baisse du déficit de production en temps réel ». Dans la pratique, on est obligé de faire pression sur 20 à 25 grands industriels afin qu’ils s’effacent partiellement en soirée au moment où les sollicitations venant des ménages sont les plus élevées. « Un effacement des industriels d’environ 50 MW dans la région du Littoral », précise une source au Minee. C’est dire qu’en journée, ce sont les ménages qui subissent essentiellement les conséquences du déficit.
À l’observation, cette autre crise énergétique, comme c’est toujours le cas, nuit aux agents économiques : ménages, administrations publiques, entreprises privées, etc. Pendant que les ménages broient du noir avec, parfois à la clé, des appareils électro-ménagers grillés du fait des surtensions électriques quand l’énergie instable revient avec plus de force, les industriels ne peuvent plus honorer les commandes et leur compétitivité s’effrite. André Tueté Kouam, président de la commission accompagnement des PME du Gicam, devenu Gecam après sa fusion avec E. Cam, déclare qu’« entre 15 et 30% du chiffre d’affaire des entreprises impactées s’évaporent en ce moment. Dans le domaine de la fabrication des produits en plastique, la situation est plus grave car on ne peut pas se permettre des variations de tension même de cinq Volts sinon, il faut tout recommencer. Conséquence, les usines fonctionnent au groupe électrogène. Ce qui accroît leurs charges (carburant, entretien) et plombe leur compétitivité et l’attractivité du pays ». Il ajoute que « quand nous sommes sur un marché où il y a des concurrents avec des coûts de production extrêmement bas, nous sommes battus à plate couture. Nous perdons des clients au profit de nos concurrents asiatiques qui, en dépit de la distance, sont plus compétitifs ».
De fait, le déficit énergétique fait perd...
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